lundi 7 juin 2010

Ma lecture du week-end - Neuroéconomie



Malgré une recherche féconde, la neuroéconomie s’offre avec Christian Schmidt seulement son deuxième ouvrage en langue française. Je m’étais déjà intéressé, dans le cadre d’un travail personnel de recherche, aux travaux de cet auteur, relatifs notamment aux relations de l’économie avec la guerre. Dans ce nouvel ouvrage, Christian Schmidt propose au lecteur de l’initier aux concepts et au programme de recherche afférents à la neuroéconomie ; il entend montrer également que ce nouveau champ disciplinaire conduit à réviser plusieurs des concepts clefs de l’économie, dont notamment le concept de rationalité.

Ainsi, on trouve dans cet ouvrage, qui se veut une synthèse, une présentation de la neuroéconomie en guise de première partie ; celle-ci a le mérite d’être pédagogique sans être trop légère. On y retrouve l’attachement qu’a toujours porté Schmidt à l’histoire des sciences et à l’épistémologie. Toutefois, le principal intérêt que revêt cette première partie se trouve dans le chapitre 5 (Question de méthodes), en préambule duquel sont proposés quatre catégories de modèles permettant d’analyse la prise de décision ; ces quatre modèles répondent à quatre questions relatives au processus de choix raisonné :
 1 - « Quelle solution se trouve retenue par le (ou les) décideur(s) lorsqu’il(s) est(sont) placé(s) dans cette situation de choix ?
 2 - Quelle(s) est (sont) la (ou les) solution(s) logique(s) du problème posé par cette situation de choix au(x) décideur(s) ?
 3 - Comment le(s) décideur(s) se représente(nt)-t-il(s) cette situation de choix, qu’entend(ent)-t-il(s) par solution et quelles procédures mentales suiv(ent)-t-il(s) pour aboutir au choix de celle(s) qu’il(s) retient(nent) ?
 4 - Quels systèmes neuronaux sont activés, selon quelle(s) modalité(s), et avec quelle(s) intensité(s), pour conduire le(s) décideur(s) à cette solution ? »

Sur cette base, les quatre modèles proposés sont les suivants :




Ainsi, Schmidt remet en cause, à juste titre à mon sens, la thèse de Glimcher et Rustichini (2005) selon laquelle on pourrait effectuer une synthèse entre l’économie, la psychologie et la neurobiologie au sein d’une discipline unifiée dont l’économie fournirait le cadre conceptuel.
Christian Schmidt propose ensuite d’appuyer son propos par la mise en exergue des trois notions centrales de choix, de risque et de jeu. La question de la temporalité – question centrale chez Schmidt - est également incluse au raisonnement et lui donne le relief qui manque à nombre d’analyses, notamment dans le champ de l’économie comportementale.

En conclusion, car je m’efforce de respecter la forme courte qui prévaut pour un post, on ressort de la lecture de cet ouvrage avec une double impression : la neuroéconomie offre une perspective intéressante, à la marge de l’économie expérimentale, mais cette discipline marche sur des œufs et doit se construire avec une vigilance épistémologique accrue. Tout l’intérêt du livre de Christian Schmidt est d’avoir mis cela en exergue.

JIM Y

1 commentaire:

  1. Bravo pour ce blog que je découvre aujourd'hui et qui prouve (avec d'autres bien sûr) qu'on peut parler d'économie sans se prendre pour le messie et sans emmerder le monde.
    Bonne continuation.

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