mardi 18 mai 2010

Et si le sport rendait heureux ?




On savait depuis la parution de l'ouvrage de Luc Collard (Violence et agressivité, 2004) que le sport rendait agressif ; on savait depuis 2001 et les travaux de Kisou Kubota qu'il rendait intelligent (même si on en doute quand on a assisté au moins une fois à une "troisième mi-temps" !) ; il aurait même la vertu de réparer les dégâts de l'alcoolisme. Ses défenseurs essayaient même de nous convaincre qu'il rendait heureux, sans trop y parvenir, sauf peut-être un certain 12 juillet 1998.

Et bien une étude récente de Georgios Kavetsos, chercheur au Collège impérial de Londres, leur donne enfin raison, en démontrant que le sport rend heureux ; sous le titre "National well-being and international sports events", Kavetsos s'est intéressé à la corrélation dans plusieurs pays entre bonheur et organisation de menifestations sportives.

Quels sont les points saillants de cette enquête ?

Le fait d'organiser une manifestation sportive a plus d'impact positif sur le bonheur que le fait de gagner ; d'ailleurs, les habitants des pays ayant remporté une médaille de bronze sont plus heureux que ceux ayant remporté une médaille d'argent (sans doute ce derniers sont-ils frustrés alors que les premiers savourent leur récompense acquise de justesse ?).

Ainsi, afin d'aider le gouvernement français à faire passer aux Français le cap de la rigueur (qui selon lui n'en est pas une, non ! non ! non !), je vous encourage à aller voter pour que la France organise l'Euro en 2016 (l'Euro, c'est une compétition de foot pour les ignares). Peu importe que la France gagne, l'important, c'est de participer, comme disait l'autre...

mardi 11 mai 2010

Jacques Friggit, nouveau messie de l'immobilier ?



Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Jacques Friggit est un économiste français, spécialiste du secteur immobilier, actuellement chargé de mission au CGEDD. Si j'en parle aujourd'hui, c'est que les travaux de cet économiste font depuis quelques temps l'objet d'une mode, que ce soit dans les media, ou sur internet, notamment via le site bulle-immobilière, qui en fait son nouveau messie.
Ses travaux sont la plupart synthétisés par la courbe qu'il publie régulièrement, appelée "courbe de Friggit", dont la version de mars 2010 est la suivante :



Ses travaux sont repris par les media, par les blogs et autres forums de la façon suivante :
- Les prix de l'immobilier à long terme sont corrélés au revenu disposnible des ménages
- L'indice des prix de l'immobilier devrait se situer dans un "tunnel" autour de cet indice de revenu
- La situation étant "hors-tunnel" actuellement, on devrait assister à une correction des prix de l'immobilier de 30 à 40% d'ici quelques années.

Comme souvent lorsque la mariée est trop belle, il faut aller voir sous le jupon ; je me suis donc intéressé aux publications de Jacques Friggit, pensant que rien ne vaut de lire l'auteur dans le texte. On trouve d'ailleurs sur le site du CGEDD une publication très récente, intitulée "le prix des logement sur le long terme".

De cette lecture découlent les commentaires suivants .

N'en déplaise à certains, le travail de Friggit est un travail sérieux, fouillé, et mené intelligemment en prenant en compte de nombreuses données, et pas seulement le revenu des ménages.

Contrairement à ce que j'ai pu lire par ailleurs, Friggit ne joue pas les prophètes, mais fait de la prospective, avec les réserves que cela implique. Il écrit d'ailleurs à la page 91 de son étude : "On conclura en rappelant que le futur n’est pas certain, et qu’à toute prospective est associé un aléa". Il ajoute, à la même page : "Même dans le cas des actions, pour lesquelles on dispose de régularités sur deux siècles, le prix futur ne peut être prédit que sous forme d’une distribution de probabilité. Dans le cas des logements, la brièveté (moins de 45 ans) de la période passée sur l’observation de laquelle une prospective peut être fondée rend cette dernière encore plus difficile. L’incertitude sur l’évolution future du prix des logements constitue une composante considérable du risque
associé à toute décision en la matière. Il appartient à chacun d’apprécier et de gérer ce risque au vu de ses objectifs et de ses moyens. Connaître le passé semble indispensable pour y parvenir
".

Le focus mis sur la corrélation entre revenu des ménages et prix de l'immobilier est lui-même relativisé puisqu'on peut lire que "de nombreux autres phénomènes entrent en jeu, à commencer par ceux qui causent la forte autocorrélation des variations annuelles du prix des logements, la hausse nourrissant la hausse et vice versa. La formation du prix des logements apparaît ainsi comme un phénomène complexe encore mal connu".

Finalement, c'est à la page 80 qu'on trouve non pas une prophétie mais des scénarii possibles (au nombre de six !).

Tout ceci me ramène à un échange que j'ai eu récemment avec C.H., auteur du blog "rationalité limitée", concernant l'utilité de lire les auteurs dans le texte. Cela me paraît fondamental pour les comprendre et pour ne pas les caricaturer.

lundi 10 mai 2010

Bourdieu l'éternel...




Un billet juste en passant pour vous signaler cet ouvrage, que je viens de terminer :
"Le sociologue et l'historien" (Pierre Bourdieu & René Chartier).

On peut ne pas aimer Bourdieu, pour son côté (trop ?) engagé ou pour toute autre raison ; pour ma part, je ne peux m'empêcher d'admirer la puissance et l'originalité de sa réflexion.

Concernant ce livre, il retranscrit une série d'entretiens qu'a eus René Chartier avec Pierre Bourdieu en 1988. On y retrouve un Bourdieu pré-1995, qui n'est pas encore le Bourdieu engagé de "Contrefeux" et de "Sur la télévision". Dans cet ouvrage, c'est le Bourdieu de "La distinction" qu'on écoute en filigrane et on (re)découvre avec bonheur qu'il était aussi un intellectuel plein d'humour et d'ironie, pas encore prisonnier de son personnage...

Une lecture évidemment à recommander !

...

Les banquiers sont-ils naïfs, incompétents ou malhonnêtes ?




Oui, je me doute que vous avez tous votre réponse à cette question... mais je livre à votre sagacité cet exemple ; la semaine dernière, expliquant à mes étudiants de L3 la pratique consistant pour les banques à adosser des ressources à court terme à des emplois à long terme, j'évoque la question des taux, leur précisant que cette pratique repose sur deux principes :
- un taux d'emprunt est d'autant plus élevé que l'engagement est long (idem pour le taux derémunération de l'épargne),
- pour la même durée, un taux d'emprunt est supérieur à un taux de rémunération de l'épargne (sinon il suffirait pour gagner de l'argent d'emprunter pour placer !)

A ce moment, un étudiant m'interpelle et m'indique que parfois, il est pourtant plus intéressant d'emprunter que d'utiliser son épargne ; je lui réponds qu'effectivement, en termes de risque et de disponibilité des fonds, cela peut être judicieux, mais que si on ne tient compte que du coût/gain comparé, cette démarche ne tient pas la route. Et mon étudiant (décidément tenace et déterminé... pour une fois !) de me répondre que la démonstration inverse lui a éé faite par l'un de se formateurs (des intervenants extérieurs, banquiers ou assureurs, assurent certains cours dans le cadre de cette L3). Je lui demande donc de venir me refaire cette démonstration, mais là, problème, il ne se rappelle plus les tenants de celle-ci (tenace et déterminé, mais pas beaucoup de mémoire le garçon !).

N'étant pas encore moi-même atteint par le syndrome d'Alzheimer, je tente de raviver mes souvenirs d'ex-banquier, lorsque mon n+2 (c'est comme ça qu'on appelle celui qui est au-dessus de votre chef et qui est deux fois plus bête que vous !) essayait lui aussi de me montrer qu'il était plus intéressant de vendre un crédit à un client que de le laisser utiliser son livret A pour s'acheter sa Twingo.

Je vous livre donc cette démonstration...
Prenons l'exemple de Régis, qui veut acheter une Twingo à 5.000 EUR ; deux possibilités s'offrent à lui :
- ponctionner son contrat d'assurance-vie, rémunéré à 4%,
- faire un prêt, mettons sur 5 ans, à 6%.
Sur la base de cette alternative, on arrive à un coût de 800 € pour le prêt et à une rémunération de 1080 € pour l'épargne... "Et encore, Monsieur le client, je n'ai pas compté les frais afférents au contrat d'assurance-vie (frais de gestion, imposition, etc.)"
Cette différence acquise à l'avantage du prêt s'explique par le mode de calcul des intérêts (au jour le jour pour l'assurance-vie et mensuellement pour le crédit).

Bon, mettez-vous à la place de Régis (et de mon étudiant)... C'est édifiant, non ! Pourquoi se séparer de ces 5.000 EUR durement épargnés ?

Réponse : parce que le raisonnement, pour séduisant qu'il soit, est totalement fallacieux ; en effet, hormis les frais associés au prêt (dont n'a pas parlé le gentil banquier), un élément fondamental a été omis : si Régis fait un prêt, il va devoir payer 97 € par mois pour le rembourser (et se retrouvera au final avec 6.080 EUR (son épargne actuelle + les intérêts acquis). Pour être honnête, le banquier aurait dû comparer cette situation avec l'utilisation par Régis de son épargne pour acheter sa Twingo ET avec le placement de 97 € par mois sur son contrat d'assurance-vie pendant 5 ans ! Dans ce cas, Régis se retrouvera au bout des 5 ans avec 6.440 EUR (frais exclus).

On a donc ici un différentiel de 360 EUR, au profit de la solution "utilisation de l'épargne" !..

Quelle est la morale de cette histoire ? elle est double :
- il est inquiétant de voir qu'une démonstration aussi nulle puisse impressionner un étudiant de L3, qui plus est un éudiant qui depuis trois ans effectue un contrat en alternance dans un établissement financier (banque à distance) ;
- on se demande si les banquiers qui font cette démonstration le font en sachant qu'elle est fallacieuse ou s'ils y croient eux-mêmes (ayant côtoyé longuement ces gens, je pencherais pour la deuxième option).

Quoiqu'il en soit, tout ceci donne un éclairage inquiétant sur la situation économique actuelle, car tous semble indiquer que les comportement aberrants constatés sur les marchés financiers vont pouvoir perdurer, tant par malhonnêteté que par bêtise !

Voilà, c'était ma leçon de morale du matin...
A demain !

jeudi 6 mai 2010

Croire en Dieu, c'est rationnel & cool...




La philosophie m'intéresse beaucoup et notamment l'une des grandes questions de la métaphysique : Dieu existe-t-il ? A cette question, point de réponse satisfaisante... ON se borne à un "ptêt ben qu'oui, ptêt ben qu'non"... Et moi, l'alternative, ça me donne des envies de calculs probabilistes. Alors allons-y, essayons d'analyser la croyance religieuse en termes d'espérance mathématique.

Pour ceux que les probas horripilent, rendez-vous à la fin de ce billet qui vous dira quelle stratégie adopter !

Prenons un individu X, à qui se présente l’alternative suivante : croire (A) ou ne pas croire (B) en Dieu. Supposons que le choix A représente un coût certain en termes de contraintes religieuses à respecter (rites, interdits alimentaires, vestimentaires, comportementaux, etc.) et de temps consacré au culte ; supposons également que la non croyance représente, elle un coût nul en termes de contraintes. De même, dans cette situation, on a un gain nul pour B et un gain aléatoire pour A ; si Dieu existe réellement, le croyant aura tout gagné (paradis ou valhalla ou ?..) et si Dieu n’existe pas, il n’aura rien gagné.

Ainsi, la croyance en Dieu relève d’un choix rationnel reposant sur le calcul d’une espérance mathématique. Je m’explique :
Le joueur A a une espérance mathématique de zéro (aucun gain espéré, aucun coût engagé).
Le joueur B, en revanche, a une espérance mathématique qui va dépendre :
- du bonheur attendu de l’accès au paradis (comment l’évaluer ?)
- de la durée de sa vie (plus elle est longue, plus les contraintes seront subies longuement)
- de l’évaluation du coût des contraintes.

Prenons un exemple :
Si on estime le gain retiré de l’accès au paradis à 1 000, et le coût annuel des contraintes imposées au croyant à 10, on a, pour un individu qui vivra 60 ans (considérons qu’il subit les contraintes religieuses à partir de 11 ans) ; si l’on considère que la probabilité de l’existence du paradis est de 1/2, on obtient :
E = (1 000 / 2) – [(10 x 50) / 1] = 0

Evidemment, le problème ici est d’évaluer quantitativement le coût et le gain… Cette évaluation relève de chaque individu, mais cette démarche appelle toutefois quelques commentaires.

Premièrement, on constate que plus la vie est longue, plus l’espérance mathématique baisse ; il peut donc être rationnel de commencer à croire assez tard dans sa vie. En effet, celui qui s’est converti à 50 ans aura le même accès au paradis que celui qui est croyant depuis l’enfance, non ? A l’extrême, le plus rationnel serait de se convertir sur son lit de mort (coût = 0 / gain = 1000). Cependant, cela pose le problème des morts brutales, mais la probabilité de cet évènement (mort inopinée) pourrait être intégrée à notre calcul d’espérance mathématique.

Deuxièmement, le choix de la religion est important, puisqu’elles n’imposent pas toutes les mêmes contraintes ; plus le culte est libre et non contraignant, et plus l’espérance mathématique est grande, en considérant que le paradis (ou appelez-le comme vous voulez) est autant source de bonheur dans toutes les croyances. Notons également que la pratique d’un même culte varie d’un individu à l’autre (certains musulmans par exemple boivent de l’alcool ou non, pratiquent le ramadan ou non, de même que certains individus se disent catholiques sans aller à la messe ni pratiquer le carême).

Certains me diront que mon analyse est imparfaite (ce dont je conviens) car elle n’intègre pas :
- le gain retiré de la non croyance (liberté, etc.),
- le gain retiré de la pratique religieuse (partage, moins de doute, etc.),
- le coût associé à la non-croyance (persécutions des athées dans certains pays, etc.),
- certains coûts associés à la croyance (stigmatisation).

A ceci je réponds qu’ils doivent évidemment être intégrés dans le calcul d’espérance mathématique de chaque individu, sur la base de la démarche que je viens d’exposer.

Pour conclure, il conviendra de retenir de ce billet qu’il est rationnel de croire en Dieu (on ne sait jamais), mais le plus tard possible et par le truchement de la religion la plus cool !..

L'infidélité enfin légitimée (presque-suite !)

J'avais envisagé de poursuivre mon billet sur l'infidélité en la passant à la moulinette des critères de choix social, mais Yannick Bourquin, "l'homme qui vous ferait presque aimer l'économétrie" a déjà commis cette analyse (quand je vous dis que les économistes, ça parle de tout !). Je vous renvoie donc à son billet...

Pour ma part, je m'en vais, penaud, me rabattre sur la religion pour mon prochain post... Je sais, c'est moins funky que le sexe, mais au moins tout aussi pervers !


...

Mea Culpa...

Bon, ça commence bien ce blog ! Deuxième billet et déjà à côté de la plaque...

Je m'explique : J'ai émis ici un post concernant une "étude" réalisée par Patrick Artus concernant le phénomène d'américanisation. Je qualifiais ce travail de déplorable, et il l'aurait été, si ça n'avait pas été un poisson d'avril !

Eh oui, même les économistes ont de l'humour !

Ce qui me rasssure, c'est que Patrick Artus lui-même se soit déjà trompé ; il a d'ailleurs fait lui aussi son mea culpa en 2009.

Quoiqu'il en soit, toutes mes excuses Patrick... Pour me faire pardonner, je vous renvoie à ce très bon papier , publié le 30 mars 2010 (pas de risque de poisson !).

mardi 4 mai 2010

L'infidélité enfin légitimée !

Flânant régulièrement sur le net, je parcoure souvent des blogs traitant d’économie ; je suis interloqué par cette capacité des économistes à analyser tout et n’importe quoi avec les outils de l’économie. Ainsi en est-il du sport, du mariage ou de la criminalité ! Loin de moi l'idée d'affirmer que toutes ces analyses sont à côté de la plaque, bien au contraire... et pour vous convaincre, je vous renvoie à la lecture de l'excellent livre "Sexe, drogue... et économie", écrit par les bloggeurs d' "Econoclaste".
Puisque tout le monde s'y met, allons-y également et prenons comme base une idée que je reprends au plus grand de nos intellectuels en maillot de bain, Franck Dubosc (On a les références culturelles qu'on peut !). Dans l'un de ses sketches, il légitime l'infidélité par l'argument suivant (je résume) :
Puisque les femmes sont plus nombreuses que les hommes sur terre (1,05 naissance de femme pour 1 naissance masculine + espérance de vie plus longue dans beaucoup de pays), afin que tout le monde ait droit à l'amour, il faut bien que certains hommes s'occupent de plusieurs femmes ! Le raisonnement est imparable, mais toutefois, ne l'essayez pas avec votre femme au retour d'un 5 à 7 (y en a qui ont essayé !!!!), les femmes ont un côté irrationnel qui fait qu'elles sont réfractaires à tout raisonnement logique...
Alors aidons Franck à donner plus de poids à cette intuition.
Tout d'abord, si l'on se réfère à l'étude menée par l'endocrinologue Kristen Navara, de l'Université de Georgie (États-Unis), on constate que l'image du macho tropical a une légitimité. En effet, la part prépondérante des filles dans la population étant plus marquée dans les Tropiques, la part d'homme infidèles doit y être également plus élevée. Toutefois, la rigueur nous imposerait de mesurer ce taux d'infidélité pays par pays, mais je n'ai aucune étude sur ce point (je suis preneur si vous en détenez une), mis à part quelques statistiques fournies par Yvon Dallaire.
Notons également que seules 7 à 8 % des espèces animales sont monogames ! De plus , selon Jared Diamond, l'infidélité masculine serait génétique...
Du point de vue de l'économie maintenant, l'infidélité peut être abordée sous différents angles. Le premier relève du calcul coût/avantage. L'utilité retirée de l'infidélité est plus grande chez l'homme que chez la femme, si l'on suit Jared Diamond ; en revanche, le coût est moins grand, dans la mesure où l'organisation de notre société donne plus d'occasions faciles à un homme de tromper sa femme que l'inverse (plus d'activité professionnelle, donc plus d'occasions de se faire un petit 5 à 7 !). De même, l'infidélité masculine est plus tolérée que l'infidélité féminine (vous savez, le petit coup en passant qui ne mange pas de pain, ça ne marche que pour les hommes). Le coût plus grand de l'infidélité pour les femmes s'explique aussi par ce qu'explique David Buss dans son livre Une Passion dangereuse: la jalousie ;sa thèse est que la jalousie, une émotion apparemment irrationnelle, est en priorité le fait des hommes, et que celle-ci serait une réaction adaptative rationnelle à l'incertitude perpétuelle de la paternité des hommes.

Bon allez, la suite demain...

lundi 3 mai 2010

Nicolas Georgescu-Roegen et Ronald Mac Donald : même combat?

Note (6 mai 2010) : Ce post a fait l'objet d'un mea culpa, dans la mesure où il critique une étude de Patrick ARTUS qui s'est avérée être un poisson d'Avril. Je ne supprime pas ce billet par honnêteté intellectuelle et pour assumer ma naïveté (sic !)

Sous le titre "Américanisation et croissance", Patrick Artus nous livre une étude économétrique indiquant que l'américanisation nuit à la croissance.
Et oui, ami lecteur, tu as bien lu !!! Et en bon partisan de la décroissance que tu es, tu te réjouis, assis derrière ton bureau, éclairé par ta lampe de bureau à led.
Pourtant, à y regarder de plus près, on ne peut que réitérer les réserves qu'appelle l'utilisation de l'économétrie en sciences économiques ; je renvoie les fans d'analyse économique que vous êtes aux critiques adressées à la formalisation économique par Lucas, Von Mises ou Galbraith.
Concernant cette étude, le reproche à adresser concerne le choix des trois variables choisies pour caractériser l'américanisation :
- la consommation de coca-cola par habitant,
- le nombre de restaurants Mc Do par million d'habitants,
- le chiffre d'affaires par tête des films américains.
En effet, comme souvent en économétrie, rien n'est dit sur le choix de ces trois variables ; pourquoi ne pas avoir retenu la consommation de chewing-gum ou la présence de mots anglo-saxons dans la langue du pays ou la part de séries TV US dans les programmes nationaux ?
L'américanisation est un phénomène polysémique et protéiforme, comme l'avait déjà montré Richard Kuisel en 1990 ; elle touche non seulement notre consommation, mais également nos revenus, nos modes de pensée, nos styles de vie, nos pratiques économiques, politiques, organisationnelles.
Il aurait fallu modéliser tout cela pour que l'étude de Patrick Artus soit pertinente ; sans doute n'est-ce pas possible ? Ou peut-être les résultats n'auraient-ils pas été aussi "vendeurs" en termes de buzz ? En effet, cette étude sera sans doute reprise dans beaucoup de blogs et d'articles avec un angle tout trouvé, dont Gizmo nous fournit un exemple ici.
Loin de moi l'idée de défendre le modèle américain, mais il me semblait que les résultats de cette étude devaient être remis à leur place. C'est (modestement) chose faite !
Sur ce, je m'en vais participer moi aussi à la décroissance en buvant un Coca light et en mangeant un Big Mac, tout en regardant le DVD d'Avatar...